L’industrie papetière française a fait face à une année 2023 délicate

Le 22 avril 2024 | Auteur : La rédaction | Actualités

Les professionnels du secteur mettent leur espoir dans une politique européenne qui allierait lutte contre le réchauffement climatique et préservation de l’industrie.

Alors qu’en 2022 l’activité papetière, en France comme en Europe, avait été particulièrement soutenue, 2023 en revanche aura vu un recul très sensible de la consommation apparente des papiers et cartons. Selon les chiffres communiqués par la fédération professionnelle Copacel, l’industrie papetière française a généré en 2023 5,2 milliards d’euros, dont 700 millions sont dus à la production de pâte à papier marchande ou intégrée. Entre 2022 et 2023, la production, toutes sortes confondues, a chuté de 13,5 % : -8,4 % pour les papiers et cartons d’emballage et -36,2 % pour les papiers à usage graphique ! Une diminution qui s’inscrit dans la durée : en vingt ans, entre 2003 et 2023, la production totale française est passée de 9,9 à 6,1 millions de tonnes (-38 %). Dans le même temps, celle des papiers graphiques s’est effondrée de presque 83 %, passant de 4,4 à 0,76 million de tonnes ! Cette décroissance est nettement plus prononcée en France que chez ses voisins. La production globale européenne de papier ne s’est en effet contractée « que » de 20 % depuis 2003. Pour autant, du fait de la forte spécialisation des usines, 57 % de la production papetière française est vendue à l’étranger.
Les prix des intrants de l’industrie du papier semblent s’être stabilisés, fin 2023, à un niveau élevé après la hausse post-Covid. Ainsi, à la fin de l’année dernière, l’indice des prix des plaquettes de scieries se situait 40 points plus haut que son niveau de la fin 2019 ! Ceux des bois ronds l’étaient à hauteur de 25 à 45 points selon le type de produits. La pâte à papier, elle-même, s’achète environ 70 % plus cher que début 2020. Les produits chimiques, dont les prix avaient explosé en 2022, se payaient encore 32 % plus cher en 2023 que leur moyenne de 2018-2021. Un phénomène que l’on retrouve sur les prix de l’amidon (matière très utilisée dans la fabrication de papier) qui se sont envolés à la suite de l’invasion russe en Ukraine.
Alors que les papiers et cartons français sont fabriqués à 68 % à partir de fibres recyclées (contre 52 % en moyenne mondiale), la matière première PCR (papiers et cartons à recycler) se paie elle aussi beaucoup plus cher qu’avant le Covid. Le prix des ondulés récupérés est ainsi environ 3,7 fois plus élevé qu’en 2019 ; et celui des papiers graphiques triés, plus de 2,5 fois plus cher. Seuls les prix des papiers de bureau triés ont retrouvé leur niveau (haut) de 2019 après avoir, comme ceux des autres sortes, explosé en 2021-2022. Les producteurs français et européens sont de surcroît confrontés à une situation de distorsion de la concurrence du fait de la crise énergétique que traverse le Vieux Continent. En effet, note la Copacel, les prix de marché du gaz en France et en Europe, après avoir considérablement diminué, se sont stabilisés, fin 2023, à un niveau 3 à 4 fois plus élevé que ceux observés aux États-Unis.
Face à cette situation délicate, Copacel entend peser, en cette année d’élections européennes, pour que les politiques communautaires favorisent davantage la compétitivité des industries. Ainsi, selon la fédération, quatre leviers sont à actionner : l’amplification des aides à la décarbonisation et à la gestion efficace de l’eau ; la régulation efficace du marché de l’électricité ; la suppression, autant que possible, des barrières douanières hors UE ; et la réorientation des politiques communautaires pour éviter que le Pacte vert pour l’Europe (European Green Deal) agisse comme un accélérateur de la désindustrialisation. Copacel s’associe dans ce sens à l’appel dit d’Anvers, lancé par un collectif d’organisations professionnelles (https://antwerp-declaration.eu/) afin que ce Green Deal s’accompagne d’un « Industrial Deal ».

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